« Éteins la lumière, montre moi ton côté sombre »… et oui, les écogestes ça peut être rock’n’roll. Même si l'on a bien en tête de faire des économies d'énergie par nos petits gestes du quotidien (éteindre la lumière quand on sort d'une pièce, mettre des ampoules basse consommation, etc.), se pose-t-on suffisamment la question de savoir d'où provient cette énergie, comment a-t-elle été produite ? Par extension, se demande-t-on quel modèle économique cela induit-il ? Car là aussi, nos choix de consommation ont un impact, non seulement économique, mais surtout écologique et in fine, politique. En France, l’électricité provient majoritairement du nucléaire, pour être plus précis : à 75% soit 416, 8 terrawattheures (Twh). J’ai fait le calcul (oui, oui) et voici le petit diagramme qui va bien :
(Presque) tous nos œufs dans le panier du nucléaire...hum... Le moins que l'on puisse dire (c'est un euphémisme) c'est que le mix énergétique français n'est pas très diversifié !
Je ne me lancerai pas ici dans un comparatif détaillé des impacts de chaque filière énergétique sur notre environnement. J’aimerais juste inviter chacun à prendre conscience d’une part des choix politiques et économiques qui sont fait en la matière (vous avez tous entendu parler de la Loi sur la transition énergétique ?) ; d’autre part que là encore, nous avons la capacité de choisir des alternatives, de contribuer à diversifier les sources de production énergétique et d’en privilégier certaines plus que d’autres. Ça, c'est la bonne nouvelle.
On entend beaucoup parler depuis plusieurs années des énergies renouvelables (éolien, photovoltaïque, hydraulique, biomasse...). Cet eldorado "green" serait la solution miraculeuse pour sortir de notre dépendance aux énergies fossiles et au nucléaire. Mais attention, il faut apprendre à décoder aussi ce qui se cache derrière cet efficace "green washing" et ne pas gober tout ce qu’on nous vend comme des promesses de lendemains meilleurs. Car les cycles de vie de certaines filières reproduisent les mêmes effets dévastateurs que les précédentes. Et c'est un un sujet très peu abordé par les médias. Par exemple, sait-on que la fabrication des éoliennes et des panneaux solaires reposent sur des métaux rares dont l'extraction et le raffinage sont extrêmement néfastes pour l'environnement ? Que ces extractions sont laissées aux mains du géant économique chinois qui est le seul à accepter des conditions d'exploitation inacceptables pour l'homme et la nature ; créant ainsi une nouvelle dépendance économique aux conséquences géopolitiques inquiétantes.
Au passage, juste pour rappel, ce sont les mêmes terres rares qui sont utilisées pour la fabrication de nos chers smartphones.
Donc non, les éoliennes qui contiennent des terres rares non-recyclables et qui sont extraites dans des conditions inhumaines et attilesques à l’autre bout de la planète ne sont pas la clef d’une énergie propre ! C’est bien plus compliqué que cela. À l’image de tous les autres aspects bien cachés de notre mode de vie ultra consumériste, le secteur de l’énergie est un énorme iceberg qui garde bien caché de l’opinion publique son pacte faustien avec la nature. Car notre demande d’énergie, d’électricité en l’occurrence, augmente de manière spectaculaire. Que cela soit dû à notre consommation digitale ou au développement mondial de l’accès à l’énergie. Ça, c'est la moins bonne nouvelle.
Bon mais alors, que peut-on faire face à tous ces enjeux ? - Déjà, on peut se renseigner un peu plus sur les différentes filières et se faire une opinion sur ce qui nous paraît le plus soutenable, en conscience : éolien, biomasse, hydraulique, solaire…
Petite sélection des articles, émissions et podcasts éclairants sur le sujet :
lire tout le passionnant numéro 28 de Socialter "L'âge de Métal - Enquête sur le vrai coût de la transition énergétique"
Vers une hausse majeure de la consommation mondiale d’énergie ? par l’International Energy Outlook 2016, EIA Nucléaire, l'impasse française dans l'émission Le Monde en face sur France 5 Un gaz 100% renouvelable en 2050, mais à quel prix ? par Benjamin Jarrossay pour Socialter Transition énergétique : comment lier acteurs publics, privés et citoyens ? par Fanny Costes pour Socialter La transition énergétique : reculer pour mieux sauter ? par Julie Gacon pour France Culture
- On peut ensuite choisir de soutenir des filières qui nous paraissent plus justes. En soutenant par exemple un fournisseur d’énergie responsable (type Enercoop qui privilégie à 94% l'hydraulique) ; en prenant part à une coopérative d’énergie citoyenne (type Énergie partagée) ; ou encore en devenant soi-même producteur d’électricité (pas mal d'infos sur le site du Mouvement Colibris).
- Et là encore, la conclusion est simple, basique, comme pour les déchets : L’ÉNERGIE LA PLUS PROPRE ET LA MOINS CHÈRE EST CELLE QUE NOUS NE CONSOMMONS PAS. J'ai écrit gros pour ceux qui lirait l'article en diagonale. Au fond, le message le plus important c'est celui-là... un peu la même philosophie que pour le zéro déchet... Je vous laisse méditer là-dessus en écoutant la sagesse d'Axel Bauer : "Éteins la lumière / montre moi ton côté sombre / regarde les ombres qui errent / cherche un peu de lumière / tout s’éclaire"
© diagramme "La production d'électricité en France en 2015" : lefigaro.fr © photo éolienne : DR